Hippocrate, hypocrites et consorts – chapitre II

Publié le par Folzebuth

Il y a quelques années, oui parce que désormais les archives de ce blog se comptent en années, le temps passe ma bonne dame, j’écrivais un amer article sur la fumisterie que représente le numerus clausus, autant motivé par l’ire d’avoir à supporter l’attente chez le médecin que par le dégoût d’avoir été victime dudit numerus clausus en 93, année où il ne fût jamais autant limité, échappant de peu à une carrière de Docteur… c’est con, car la vocation, il me semble que je l’avais…

Voir ici : http://jichitsu.over-blog.com/article-6765231.html

 

J’aurai pu en rester là et laisser ce blog en jachère, quand l’autre jour, me retrouvai-je face à Jean-Paul Hamon, reçu dans l’émission animée par Maïténa Biraben, La Matinale de Canal+.

 

Ce qu’il est venu raconter, je le savais déjà.

 

Ce que je souhaite aujourd’hui, c’est vous en faire profiter, ainsi qu’à mes gosses s’ils ont l’occasion de lire ce blog dans 20 ans, si telle chose existe encore.

Nous allons donc procéder de la manière suivante… je vous soumets dans un premier temps le lecteur vidéo de Canal pour que vous profitiez de la version live des mensonges et inepties débitées par ce sinistre type, après quoi je colle l’intégralité de l’échange que j’ai intégralement retranscrit (la colère, ça motive), afin que le contenu survive à une éventuelle désactivation de la vidéo par ses ayants-droits, échange que je vais me faire un plaisir de commenter tu penses bien…

 

 

 

 

 

Maïtena B : Bonjour Jean Paul Hamon soyez le bienvenu

 

Jean-Paul H : Bonjour

 

MB : Vous êtes le président de la Fédération des Médecins de France, vous êtes vous même médecin.

On en a un petit peu entendu parler avant-hier, l’adjointe au maire de Dijon en charge de la santé a proposé de faire appel dans les situations d’urgence aux vétérinaires quand il n’y a pas de médecins ; elle est folle ?

 

JPH-3JPH : On s’est demandé s’il ne fallait pas classer la moutarde de Dijon parmi les substances hallucinogènes (rires sur le plateau) et on s’est demandé si elle n’appliquait pas les principes du Général De Gaulle qui prenait les Français pour des veaux…

 

Moi : L’art de la vanne en politique, où comment décrédibiliser son opposant pour mieux asseoir la pauvreté de son propre discours à suivre

 

MB : Au-delà du bon mot ?

 

JPH : Au-delà du bon mot, on a tous était surpris parce que c’est pas n’importe qui ; Dijon c’est quand même une grande ville, elle est élue Socialiste et on espère sincèrement que François Hollande à d’autres conseillers techniques pour la santé pour son programme.

 

Sans commentaire (voir plus haut)

 

MB : Mais est-ce que vous ne pensez pas que ça puisse être une piste là où il n’y a pas de médecin, d’aller se faire par exemple recoudre quand on a une blessure, faire des points de suture pour un vétérinaire c’est possible ou pas ?

 

JPH : Pour faire une suture incontestablement mais moi j’imaginerais même pas soigner un animal, je vois mal comment en un an comment on peut exercer la  médecine, comment moi en un an je pourrais faire vétérinaire ?

 

Qui a parlé d’un an ?

D’où sort ce chiffre ?

Ceci s’appelle noyer le poisson, changer de sujet, répondre à côté de la plaque

 

MB : La question qu’elle pose c’est quand il n’y a pas de médecin et qu’on est dans une mesure d’urgence, je pense par exemple une femme qui va accoucher, est-ce qu’il ne vaut pas mieux être entre les mains d’un vétérinaire que de personne ?

 

JPH : Oui on est d’accord mais vous savez les vétérinaires ils sont comme les médecins, on s’installe pas en campagne, les vétérinaire ne veulent pas s’installer en campagne, ils ont un déficit dans la [ ???] bredouillage inaudible

 

Donc ici, on commence à aborder doucement le sujet, une fois encore en répondant autre chose que ce qui est demandé :

Question : Un véto peut-il faire le taf d’un médecin vu qu’à cause de gens comme vous, il en manque ?

Réponse : vous ne trouverez pas plus de véto que de médecins en campagne – comprendre, chez les ploucs, les bouseux – car plus personne n’est assez con pour s’y installer.

 

MB : Les vétérinaires sont présents tous les 10 km en zone rurale, là où  il n’y a plus de médecins, il y a 2 installation pour 25 départs à la retraite…

 

JPH-1JPH : Oui alors là on est tout à fait d’accord mais vous savez en France, il y a 200.000 médecins, il y a assez de médecins, on dit on répète qu’il y a 6 ans, sur 100 médecins diplômés, 14 s’installaient en libéral, cette année, moins de 8, moins de 8 !

L’urgence, ce n’est pas d’augmenter le numerus clausus et de  trouver des solutions à la gomme, quand on augmente le numerus clausus, un étudiant qui rentre à la fac maintenant il s’installe dans 22 ans (bis) donc si vous voulez c’est pas ça qui va régler le problème maintenant.

 

On y est.

Donc selon cet ordure, il y a assez de médecins en France.

1h20 d’attente sur RdV chez le pédiatre,

1h systématiquement chez le généraliste,

3 mois d’attente pour un dermato,

5 à 6 mois pour un ophtalmo, dans une sous-préfecture de 20.000 âmes…

…et ce peigne-cul ose affirme à 7h14, face caméra, qu’il y a assez de médecins en France !

 

Augmenter le numerus clausus, une solution à la gomme ?

Gros con !

Il n’a de cesse d’augmenter depuis 15 ans le numerus clausus, vu qu’ils se sont rendus compte, trop tard, qu’ils avaient été excessifs et délirants dans la restriction d’admissions en PCEM, abruti, connard, p’tite bite ! (si je n’écris pas d’insanité, je frappe l’écran… alors de 2 maux…)

« (…) un étudiant qui rentre à la fac maintenant il s’installe dans 22 ans… ». Mensonge éhonté, enculé ! N’importe qui sait très bien qu’il ne faut pas 22 ans d’étude pour faire un généraliste – c’eut été pas mal que les chroniqueurs le relève d’ailleurs – pourquoi pas 32, ou 48, quitte à sortir des chiffres délirants !!! Mentir de la sorte à la TV, c’est vraiment prendre son auditoire pour des ignares, ce qui ne détonne pas avec le statut de médecin à bien y réfléchir.

 

 

MB : Ca veut dire que c’est dans le choix

Ceux qui sont à la faculté, vous dites même qu’il y en a peut-être même assez, qui choisissent de devenir généraliste

 

JPH : Alors voilà il faut valoriser l’exercice, à la fac, il faut le valoriser dans l’exercice médical actuel, et puis il faut donner les moyens aux médecins d’accueillir les patients dans des conditions confortables,

Il y a 14 millions de passages qui se font chaque année au urgence hospitalières qui n’ont rien à y faire, 14 millions de passages, ça permettrait d’économiser 3 milliards d’euros, même actuellement on nous a dit, on a signé une convention [???] à la performance en nous disant qu’il fallait qu’on signe d’urgence parce que la Grèce était en faillite, ça allait nous arriver, il fallait respecter […], nous l’urgence c’est ça, plus personne ne veut s’installer en libéral.

Valorisons l’exercice libéral, disons aux étudiants, les étudiants ils entendent, qu’est-ce qu’il entendent en fac ?, ils entendent : « si vous ne travaillez pas, vous irez travailler, vous serez généraliste à la campagne »,  l’étudiant il entend « généraliste, c’est pas bien », « à la campagne, c’est pas bien »,

 

Deux ou trois choses à retenir donc, de la défense de ce cuistre.

a/ on ne manque pas de médecins, c’est vous les cons qui allez trop aux soins

b/ il manque peut-être de généralistes, mais c’est de la faute aux profs de Fac qui dissuadent les étudiants trop influençables.

 

MB : Pardon de vous interrompre… le discours est certainement pas bon, néanmoins nous on a l’image du médecin généraliste de famille, à la campagne, avec la vocation, le type qui a envie d’y aller, de faire des gardes, de se déplacer, qui accepte de recevoir les gens et  d’aller chez eux pour donner des consultations, on a l’impression qu’on en demande un peu trop à nos jeunes étudiants…

 

JPH : Je ne vous apprends rien, les choses ont changées, les mentalités ont changées…

 

MB : Ça veut dire quoi, on aime moins travailler qu’avant, on est plus feignant qu’avant ?

 

JPH : C’est pas ça…

 

MB : On a moins la vocation qu’avant ?

 

JPH-2JPH : Vous savez, quelle est l’image (bis) du médecin libéral pour un homme politique, c’est un délinquant qui dépense trop, hein, vous regardez les députés, ils nous collent des lois qui sont coercitives , qui donnent tous les pouvoirs aux Directeurs de la Caisse d’Assurance Maladie, on nous dit (bis), on parle des arrêts de travail, on nous dit qu’on en prescrit trop ou qu’on est incités à en prescrire, on dit qu’on prescrit trop de médicaments et n’importe quoi, heu, le Pr Even, grand pourfendeur du médiateur reçoit les étudiants dans sa faculté en leur disant : « Vous n’êtes pas ici pour faire médecine générale ! »,

Entre celui-là qui dit ça et l’enseignant qui dit si vous ne travaillez pas vous serez généralistes à la campagne…

 

Suite de la défense :

c/ et puis les politiques ils nous aiment pas, ils font rien qu’à faire des lois reluquant sur notre business, et on aime pas trop.

Quand je prescris un arrêt de travail, c’est toujours à bon escient, j’ai fait des études moi monsieur.

 

MB : Jean Paul Hamon, vous êtes en train de nous dire que chez les médecins eux-mêmes il y a un discours dépréciatif vis à vis de la médecine générale…

 

JPH : Absolument…

 

MB : C’est aux médecins de corriger ça, il me semble, personne d’autre…

 

Vlan ! Dans ta gueule

 

MB : …et puis d’autre part est-ce que vous vous opposez toujours aux mesures coercitives pour obliger les médecins à s’installer à la campagne ?

 

JPH : C’est simple, quand les députés s’imaginent que si un étudiant qui sort avec son diplôme pour s’installer en libéral et on lui dit ; vous voulez vous installer en libéral ? Vous irez 3 ans à Trifouillis-les-Oies,  qu’est-ce que croyez qu’il va faire l’étudiant ? Il va rester à l’hôpital.

 

MB : Pourquoi ?

 

JPH : Parce qu’il a le choix de rester à l’hôpital, on peut pas l’obliger à sortir de l’hôpital.

Ben parce qu’on va lui dire s’il va 3 ans à Trifouillis-les-Oies, il ira pas !

 

Ce que cette tête de nœud est en train de faire, c’est précisément ce qu’il a reproché plus haut aux profs de fac ainsi qu’au Pr Even, à savoir assimiler tout ce qui n’est pas Paris, Lyon ou Marseille et leurs couronnes à du trou perdu de merde.

Confit dans sa suffisance et sûr de sa supériorité, il vient t’asséner sans bouger les oreilles qu’entre la vie hospitalière à la ville, ou vivre à Plouc-land, c’est un non-choix offert aux étudiants.

 

MB : Ben il va gagner beaucoup d’argent ?

 

JPH-4JPH : Non, mais justement, il faut vous dire que dans les déserts médicaux, il y a un désert démographique, il n’y pas beaucoup de personne et des gens en bonne santé qui se soignent peu (phrase prononcée avec un sourire en coin des plus détestables).

 

Cliché.

Oui parce qu’on ne vous a pas dit, mais l’homme de la campagne est un peu rustaud.

Il se soigne peu, casse la glace pour se laver, tue le microbe à la gnole et affiche en permanence un sourire de contentement qu’on ne trouve guère que les simples d’esprits.

 

On leur a dit, il y a une loi une disposition qui voulait imposer au médecin d’aller dans les campagnes, heu, 30 jours par ans pour aller exercer dans les zones démographiquement faibles sauf que, il n’y a aucune garantie de revenu, vous allez dans un zone où il n’y a pas grand monde (sourire amusé) et où les gens sont pas très malade, les gars, il a pas de garantie de revenu et vous pensez que la personne va y aller ? Non !

 

Voilà le point que je souhaitais aborder, qui moi me semble une évidence, et que je n’abordai pas franchement lors de l’article précédent. Par 2 fois, « pas de garantie de revenu »

Vocation ? Sacerdoce ? De la merde, oui.

Pognon. Comme le trader, comme le joueur de foot de ligue 1, comme le mannequin de 18 ans chez Elite…

J’affirme que l’existence même du numerus clausus n’est motivée, aujourd’hui, que par une seule chose ; assurer au corps médical en place un train de vie – une garantie de revenu – très nettement supérieur (2 à 3 fois pour les moins bien lotis) au reste de la population qu’ils soignent. On a pas fait toutes ces études par envie de soigner son prochain, on l'a fait pour une garantie de revenus

(Pour les justifications « officielles » de son existence et de son maintien, je vous renvoie à la lecture de l’article précédent, ainsi qu’à Wikipédia).

 

MB : Visiblement des idées aussi saugrenues que de se faire soigner par des vétérinaires ont de beaux jours devant elles puisque, visiblement, vous être en train de nous dire que personne a envie d’y aller…

 

Belle manœuvre de Maïtena qui renvoie cette andouille à la somme de ses non-réponses.

 

JPH : Il faut changer l’enseignement (bis) certainement pas augmenter le numérus clausus (elle ne lui a pas parlé de ça, mais il y tient, alors il le recase) parce qu’on a pas les capacités d’enseigner, pas assez de fac, pas assez de profs, il faut que les médecins libéraux aient les moyens d’exercer, les moyens d’exercer confortablement en ayant les moyens (si là vous n'avez toujours pas compris, c'est que vous le faites exprès) d’avoir des salariés ; quand vous avez une infirmière et une secrétaire pour accueillir les patients, vous travaillez dans de bonnes conditions.

 

Pas assez de facs, pas assez de profs… Voilà pourquoi on ne formerait pas plus de médecins en France.

Si je ne mettais pas déjà vomi sur la chemise de dégoût, j’aurais pris le temps d’aller aux toilettes.

Le quota d’admis en 1993 était de 3.500, il était de 8.000 en 2012 ; Le nombre de Fac de médecine a doublé dans l’intervalle en France ? Non, bien sûr. Mais en cherchant, je suis sûr qu’on trouvera un imbécile qui en 93 soutenait déjà qu’il ne faut « pas augmenter le numérus clausus parce qu’on a pas les capacités d’enseigner, pas assez de fac, pas assez de profs »

 

Et merci encore de ne pas répondre à la remarque soulignant le manque de médecins, en casant l’ineptie consistant à réclamer des sous et des assistants, ce qui ne résout en rien le problème de l’attente dans les salles.

 

JPH : En France vous avez 0.4 salariés par médecins, en Europe 2.4 salariés. Donnons les moyens aux médecins ; et arrêtons de taper sur les médecins qui gagnent le plus et qui sont les seuls à atteindre la moyenne européenne. On tape sur les radiologues, on tape sur les biologistes.

Et bien résultat il y a de moins de radiologues qui trouvent de successeurs justement dans les zones géographiquement faibles…

 

Oui, vous ne le saviez sans doute pas mais les médecins en France sont des miséreux, des crève-la-faim. Ailleurs en Europe, c’est l’opulence, la grande vie, chez nous, c’est des clodos.

On se demande d’ailleurs bien pourquoi des médecins étrangers viennent s’installer ici, ce sont nos médecins qui devraient foutre le camp et faire bombance dans ces pays de cocagne.

 

MB : Merci beaucoup Jean Paul Hamon d’être venu nous voir ce matin, vous êtes remonté !

 

Sans doute pas autant que moi.

Je vous renvoie au nom de ce blog pour savoir ce que j’en pense, de Jean Paul Hamon.

 

 ***

 

Donc on résume, l’échange :

 

Maïtena Biraben :

Le manque de médecin est aujourd’hui tel dans certains coins de province que des propositions ahurissantes viennent à être prononcées avec plus ou moins de sérieux, comme d’aller consulter chez le véto ; quel commentaire cela vous inspire ?

 

Jean Paul Hamon :

Qu’est que j’y peux si 20% de ploucs s’obstinent à vivre à proximité de bled de moins de 2.000 habitants ? En plus, ils sont jamais malades, de quoi ils se plaignent ? Alors que nous, à la ville, nos urgences débordent (de gens qui exagèrent cela dit en passant) !

Alors donnez-nous plus de sous, pleins, que nous puissions enfin avoir une secrétaire/barrage pour vous aider à patienter en lisant Gala (et veuillez dire aux législateurs de nous lâcher les couilles, nous ne sommes pas n’importe quels citoyens !).

 

Fermez le ban

 

 

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Publié dans Colère

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N
<br /> hello monsieur . Comme j'ai fais psycho, je suis très intuitive :)hahahaha et donc j'ai cru deviner que le monsieur là il t'énerve un peu. Comlme je le connais pas et que toi je t'aime bien je<br /> décide sans la moindre réflexion ni tentative de, que ce type est le diable et que donc nous devons trouver un moyen de le stopper....<br /> <br /> <br /> Sinon quand même...t'as failli être médecin ?!<br /> <br /> <br /> et sinon encore j'espère que t'as passé des chouettes fêtes :)<br />
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F
<br /> <br /> Chouettes fêtes en effet, et tu sais quoi...?<br /> <br /> <br /> J'étais avant hier soir à un réveillon en famille, déguisés. Le thème était "improbable", je suis venu en urgentiste ! Ahah<br /> <br /> <br /> <br />