Finger, un doigt court et fin

Publié le par Folzebuth

Il est des conversations auxquelles tu regrettes d'avoir participé.

De ces moments de solitude où tu parles à cœur ouvert, où les idées se bousculent à la sortie et où l'ensemble pharynx-langue-lèvres n'arrive pas à suivre ; où ta vivacité d'esprit coutumière dans la recherche du mot juste pour te faire comprendre est engluée dans l'émotion vive du débat passionné ; de ces débats où personne ne voit où tu veux en venir, où les regards interloqués se mêlent aux sourires amusés et entendus, et où au final tu passes pour un baltringue...

Aussi, comme j'ai dernièrement réussi cette performance de passer pour un gentil con à table au cours d'un échange tel que sus-décrit, il me fallait impérativement régurgiter tout ce que j'ai depuis en travers du gosier.
Note bien, ce n'est pas la première fois et sans doute pas la dernière non plus que je me ridiculise faute de pouvoir me faire comprendre de mes voisins de tablée, je n'en ferai pas pour autant un billet systématique. Il se trouve qu'en l'occurrence, l'objet des débats était un sujet qui me tarabustait depuis des lustres ; l'occasion est donc idéale pour en faire un exposé.
Note également que je suis pas dans une démarche de clarification de ma position à l'égard des témoins de ce carnage étant donné que peu d'entre eux viennent flâner par ici à ma connaissance, mais plus pour me purger, comme d'habitude, et coucher posément sur le papier ce que l'abruti que je suis a été incapable de formuler.

Allons-y.
De manière éclair, on pourrait résumer l'échange à :

Moi : je trouve disgracieux et désolant de voir une femme faire un doigt d'honneur au volant (et n'importe où ailleurs). Elle descend dès lors du piédestal sur lequel je la place même sans la connaître, pour se positionner au simple rang d'homme, ce qui n'a rien de glorieux de mon point de vue.

Eux : « Une femme a tout à fait le droit de faire des doigt à qui mieux-mieux, à qui bon lui semble et quand elle le veut, non mais lui oh, n'importe quoi... ! »
Et de surenchérir, avec un sourire gourmand, d'un argument gestuel de poids sous la forme élégante d'un majeur pointé vers le plafond de la pièce où nous nous restaurons, prenant le reste de l'audience à témoin de ma muflerie supposée, tout en me tapotant le dos d'un geste évoquant explicitement l'appel à la raison pour le benêt de service (un peu comme quand on te coupe la parole d'un : « mais oui tu as raison » pousse-au-meurtre).


Bien.
On constate une première chose, c'est qu'on ne parle pas de la même chose.
Je parle de l'appréciation toute personnelle que je fais d'un geste d'une vulgarité admise et reconnue, quand celui-ci est pratiqué par une femme ; eux me parlent avec une pointe d'hystérie revendicative et un air mutin d'un droit que j'entendrais prétendument restreindre... hors sujet.

Nous en sommes resté là.

Je sais pourtant qu'un tel sujet est délicat pour ne pas dire intraitable. Je venais d'entrer dans le vortex, le doigt dans l'engrenage, le pied dans le sable mouvant...
Un peu comme une personne se défendant d'être raciste après avoir échappé une remarque sujette à interprétation : à trop argumenter, il s'enfonce puisque dans les multiples regards d'en face, il est déjà jugé, condamné et sous écrou sans le savoir. C'est la maille qui rebique de ton pull : une fois que l'autre s'en saisit, que tu gesticules ou que tu partes en courant, tout va se détricoter et tu finis à poil.

C'est précisément pour des conneries comme celle-ci que je me définis en tant que masculiniste révolutionnaire et jusqu'au-boutiste.
Tu dis d'un homme qu'il est minable de faire des doigts à la ronde pour exprimer son humeur, tu ne vexeras que lui. Tu dis la même chose d'une femme et tu passes pour le dernier des phallocrates.

Je dois sans doute déjà être un vieux con rétrograde et vieille France avec un système de valeur qui s'est construit sur des airs tels que celui-ci :





...où en substance mon poète préféré raconte la chose suivante :

Femme je t'aime parce que
Une bagnole entre les pognes
Tu n' deviens pas aussi con que
Ces pauvres tarés qui se cognent
Pour un phare un peu amoché
Ou pour un doigt tendu bien haut
Y'en a qui vont jusqu'à flinguer
Pour sauver leur autoradio
Le bras d'honneur de ces cons-là
Aucune femme n'est assez vulgaire
Pour l'employer à tour de bras
A part peut être Madame Thatcher

Notez que Renaud n'est pas un con, j'en veux pour preuve qu'il était pote avec Desproges, c'est dire.


Alors pour en revenir à mon histoire, me faire moquer (oui j'ai été vexé, parfaitement !) pour avoir eu l'outrecuidance d'émettre un avis critique, une opinion personnelle à l'égard d'un sexe auquel je n'appartiens pas, m'a amené à la réflexion suivante :
J'ai parfois l'impression nette d'avoir perdu une guerre que je n'ai pas déclaré !
Alors que j'ai plus de respect pour les femmes en général et la mienne plus spécifiquement, que pour n'importe quel homme, c'est avec amertume que j'observe cette maladie de la persécution que peuvent avoir les féministes, de travestir certaines réalités en ramenant tout à une question de sexe quand ça les arrange, ce qui commence à me courir gentiment sur le haricot. Pour te citer un premier exemple et clarifier mon propos :

Lorsque vous faites la ligne de caisse pour payer vos articles, en règle générale, il n'y a presque que des femmes (jeunes et moins jeunes) pour passer vos articles. Ce métier est-il réservé à la gent féminine exclusivement ? Est-il trop dégradant, simple, inintéressant pour ces messieurs ?

Propos récupérés sur le blog (excellent au demeurant) caissièrenofutur qui illustre assez bien mon propos.
A-t-on déjà entendu un homme rouspéter parce que très peu de femmes ont décidé d'embrasser la carrière de maçon ? Ou comme agent de propreté urbaine (oui, éboueur) ?

Tu vois un type nu pour vendre du papier hygiénique, personne n'y trouve rien à redire.
Tu vois une femme nue pour un yahourt, c'est une exploitation commerciale dégradante du corps de la femme.


Le calendrier du stade avec des rugbymen à poil, c'est super.
Le calendrier Pirelli avec des pin-up en string, c'est un truc sale pour routier lubrique.


Tu vois un acteur de films X, c'est un type qui a choisi un métier pour le moins atypique, un intermittent du cul.
Tu vois une actrice de films X, c'est une esclave asservie aux exigences lubriques de proxénètes déguisés en producteurs...


Même quand de prime abord, on pourrait penser que les féministes ont raison de hausser le ton, comme par exemple dans le cas du jugement de Lille sur cette pauvre fille et son pucelage (pas sordide du tout...), elles se plantent ; je vous renvoie à la lecture de l'article de Maître EOLAS qui explique mieux que je ne le ferais en quoi la décision de justice prise est limpide pour les deux ex-époux comme pour le parquet, et que l'ire que tous affichent et leur volonté de casser ce jugement pénalise la jeune femme en question car l'obligerait, mariée à nouveau alors que l'histoire date d'il y a 2 ans, à divorcer de ce sale type.
Aparté : C'est d'ailleurs le point dont on ne parle pas assez à mon goût : ON dit que la jeune femme n'était pas vierge (ce que la France entière est ravie d'apprendre), ON dit que la justice est mal faite et qu'à chaque fait divers, il faudrait voter 2 lois supplémentaires... ON oublie de dire que le mari en question est un con, une p'tite bite et un peine-à-jouir : c'est le petit "plus" de chez jichitsu qu'on ne trouve pas dans le "Journal d'un avocat".


Le féminisme a énormément servi... oui... au siècle dernier !!!

Je fais partie d'une génération pour qui l'égalité entre homme et la femme résonne comme une évidence, tant au niveau du respect mutuel dû, que du point de vue de l'accomplissement des tâches ménagères ou du salaire au taf. Je dénote toutefois certaines différences physiques, physiologiques, anatomiques, psychologiques et comportementales propres à chaque sexe, différences qu'il me sied de choyer car de ces différences naissent justement l'attraction, le mélange et la complémentarité.
Alors oui je dois être un vieux con rétrograde et old school... mais quand j'entends une animatrice télé déclarer à propos d'un sujet qui ne la passionne pas trop : "Ça m'en touche une sans faire bouger l'autre", je ne peux m'empêcher de penser qu'il y avait sans doute une façon plus féminine, plus délicate et raffinée d'exprimer son désintérêt.


Si aujourd'hui le féminisme revient à militer pour que la femme puisse pisser debout dans la neige en se racontant des histoires de cul, se gratter le pubis en rotant sa bière devant du foot et cracher par la fenêtre le mucus sinusal qu'un reniflement guttural aura préalablement délogé... oui oui bien sûr, tant qu'elles veulent !
De là à me faire dire que c'est formidable afin de ne pas heurter les sensibilités, non.
Merde.


Folzebuth


Epilogue :
En ce qui me concerne, j'apprendrai une seule chose à mon fils à propos des femmes, c'est que mon système de valeur interdit formellement de lever la main dessus. Pour le reste, il se démerdera comme moi à essayer d'y comprendre quelque chose...

Publié dans Agacement léger

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G
j'ai beau être une fille, je suis d'accord avec toi à 100%... je ne pense pas que le fait de trouver qu'une femme qui rote comme un vieux spporter de foot imbibé de bière est une grave ateinte à la liberté de la femme... mais bon, ma définition de l'élégance n'est pas féministe apparemment... je m'en accomode fort bien....mais par contre, tu dis que le féminisme est un combat d'un autre siècle, peut-êre que pour uen certaine catégorie d'homme l'égalité est chose acquise, mais je t'assures que ce n'est encore malheureusement pas le cas pour tous, loin de là.... donc restons vigilant(e) !
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F
<br /> Sûr qu’il faut être vigilant. Tout dépend de ce à<br /> quoi notre vigilance se doit d’être accordé. Il est selon moi plus important de s’assurer qu’une femme au visage tuméfié ne raconte pas une histoire de chute dans l’escalier pour la troisième fois<br /> de l’année, ou qu’une autre ne soit pas reniée par sa famille parce qu’elle épouse un type d’une autre confession, ou qu’une troisième puisse refaire sa vie tranquille en oubliant le connard qui<br /> l’a jetée pour défaut de virginité, plutôt que de faire du militantisme nivelant et castrateur.<br /> <br /> <br />
M
allez, c'est pas grave m'sieur, ça part d'un bon sentiment... pour toi les femmes c'est encore des princesses, c'est beau ^^quant à la pauvre fille de lille qui a menti sur son pucelage, je pense à toutes les autres dans le même cas, qui se font recoudre l'hymen, ou ne consentent qu'à la sodomie, avant le mariage... celle-là je peux comprendre qu'elles aient envie de faire un fuck à tous les gros lourds qui ne voient les femmes qu'à travers un filtre hypocrite de pudibonderie dicté par les religions depuis fioute années...
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F
<br /> Comme des princesses :o) sans doute... surtout ma fille, qui est<br /> belle à en crever. Il est pas né le petit con qui va lui faire du mal. Quant à un hypothétique glumeux qui l'humilierait publiquement en dévoilant sa non-virginité comme d'un prétexte à annulation<br /> de mariage, laissez... je m'en occupe... accomodé façon tartare.<br /> "...tous les gros lourds qui ne voient les femmes qu'à travers un filtre hypocrite de pudibonderie dicté par les religions<br /> depuis fioute années..."<br /> Bravo, je n'aurais pas mieux dit.<br /> <br /> <br />
N
euh moi j'ai écrit "pied d'estalle" par méconnaissance de "piédestal" c'est une faute d'orthographe pas de la pédanterie hein!mais je pense qu'il y a dans l'histoire des réponses à cette question je crois que nicole loraux a travaillé sur ça dans les enfants d'athéna
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A
Effectivement, c'est un glissement con (ah ah) de la bonne révolution féministe, c'est tout faire "Comme les mecs". Une femme qui fait un doigt ou fait allusion à des couilles qui ne risquent certes pas de bouger, vu qu'elles n'existent pas, essaie, d'une façon malheureuse, d'affronter les "mecs" avec des méthodes de "mecs". Il y a bien d'autres moyen de manifester sa résistance, ou sa conviction sans faire allusion, d'une part, au sexe, d'autre part, au sexe de l'"Autre", qui se trouve ainsi instrumetalisé.Tout ça est très stade anal, finalement (non, je ne parle pas de sodomie, allons. Quoique.). Ou, autrement vu, le viol ou son symbole comme preuve de domination et affirmation de sa liberté. Ouch!Par contre, je suis emmerdée par le piédestal (quant au "pied d'estalle" il me rend encore plus dingue que "au temps pour moi", aussi creux et pédant, bref.) sur lequel est censé être juchée la femme. Pourquoi juste elle? Pourquoi la hisser si haut, Santiano? La femme est un être humain comme les autres, ou presque, elle a droit à son intrinsèque imperfection. Elle peine visiblement à s'affirmer et contrebalance l'écrasante féminitude hystérique des médias des magazines (sérieux, on n'avait pas vu ça depuis les années 50) et des collègues en faisant des doigts dans sa voiture... Espérons, à défaut de gager, que ces excès trouveront un équilibre moins guerrier dans la séduction comme dans la défense....
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F
<br /> Pourquoi la femme sur un piédestal ?<br /> Bonne question. Je me fendrai sans doute d'un billet sur le sujet, mais faire court (pour une fois)... C'est un travers qu'ont certains hommes que de déifier la femme qui n'en demande pas tant.<br /> Est-ce lié à un cordon pas tout à fait sectionné ? A une carence relationnelle lors de l'adolescence, une frustration évidente mélée à une envie de chérir sans borne, une envie de gâter (et dans<br /> une certaines mesure, un besoin néenderthalien de "protéger") ?<br /> <br /> Par principe et définition, j'ai confiance en la femme inconnue, je me méfie de l'homme inconnu. Le triste corrolaire d'un tel mode de pensé est que je suis plus aisément déçu par la femme que par<br /> l'homme dont je présuppose par définition le mauvais fond.<br /> <br /> <br />
N
un commentaire de ton lectorat "féminin"tu abordes vraiment là un sujet de fond et qui je pense me touche de près. Déja pour le débat dans lequel tu es resté incompris je crois que tu l'as bien analysé toi même dans cet article et stabbquad aussi, on a à faire à un cas de "bien-pensite" de la part de ton auditoire. sujet délicat s'il en est n'empêche que celui de la condition féminine. On est dans ce domaine héritiers d'un combat récent mené justement par le féminisme et qui a permis beaucoup d'avancée sociales mais qu'il faut désormais atténuer aujourd'hui. En ce qui me concerne les chiennes de garde à la isabelle alonzo ça m'insupporte, aujourd'hui d'ailleurs dans le domaine de l'histoire des femmes on s'émancipe de ce carcan féministe au profit d'une réflexion sur le "gender" (genre) à savoir le rapport homme/femme sans séparer les deux et traiter de la femme comme élément isolé.tu abordes beaucoup de sujets ici qui sont autant de matière à réflexion, d'ailleurs ça m'étonne pas que tu cites renaud j'y ai tout de suite pensé, pour l'affaire "virginité vs état" je suis d'accord avec toi rien à ajouter, pour le reste ton rejet de la vulgarité est manifeste et tu le supportes d'autant moins des femmes que tu mets comme tu le dis sur un pied d'estalle de raffinement (ce qui empêche pas évidemment les pétasses de s'exprimer). Je pense qu'encore aujourd'hui s'affirmer en tant que "femme" (je parle dans nos sociétés occidentales) c'est aussi inconsciemment répondre ou au contraire violemment rejeter un regard social masculin (parce que dominant) millénaire et profondémment intériorisé par les femmes au cours des siècles. D'un point de vue physique on peut penser à un débat que j'ai vu sur de nombreux blogs de filles sortir avec une jupe et se faire mater voire pire: est ce que ça veut dire qu'on est une pute que c'est un appel au viol? autant de questions qui s'inscrivent dans la droite ligne de ton article je crois qu'on est loin d'avoir fini dans ce domaine.
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F
<br /> "Je crois qu'on est loin d'avoir fini dans ce<br /> domaine"      C'est sûr.<br /> <br /> Je crois qu'on peut résumer ma pensée à ceci :<br /> La jeune femme qui fait un doigt obscène à un type en survêt' me déçoit.<br /> Le même type en survêt' qui a suscité le geste par une remarque déplacée de type "Hé mam'selle t'es trop jolie, tu veux pas coucher avec moi", m'énerve, m'écoeure, m'exaspère et m'horripile.<br /> <br /> <br />