Huppert, triste morue
Il y a bientôt un an de ça survenait dans ma lucarne un événement retransmit, un de ceux qui me font bondir dans le canapé - défoncé par de trop nombreux déménagements - gisant dans le salon, un de ces événements qui me font dire « Ah ça pute borgne, que je crève damné dans les flammes du seigneur des enfers si je n’en fais par un article », ce qui, je le confesse au dit seigneur, est un poil exagéré mais c’est dans ma nature.
Or ces derniers jours vinrent sur tous les plateaux de télé se pavaner quelques museaux en promo pour leur dernier métrage, et parmi ceux-ci celui de la mère Huppert, ce qui me fis remonter subito ladite damnation auto-promise en cas de défaut d’article. Or quelques 4 ans après la création de ce blog à vocation haineuse dont le fond de commerce demeure l’expression colérique la plus vive sur les sujets les plus futiles, force est d’admettre que certains de mes articles passés ont pris quelques distances avec la ligne éditoriale initiale ; l’occasion n’en est que meilleure de me livrer à cet exercice délicieux de la purge méchante et immodérée, puisque telle est la raison d’être de ce lieu. Allez hop…
Lorsque de la cérémonie de remise des trophées au dernier festival de Cannes, nous avons tous pu observer – enfin du moins ceux que cela intéresse – comme chaque année, le jury assis à droite de la scène, face à l’audience constituée de professionnels du cinéma (vous savez, de ces gens qui sifflent quand le vainqueur d’un prix d’interprétation est un clampin non professionnel dont c’est le premier rôle). Sur la gauche se trouve le maître de cérémonie, qui fait ce que son titre indique avec la sensibilité qui est la sienne, l’humour inégal en ce qui concerne Edouard Baer. Au centre enfin se dresse le lauréat venant d’être appelé, qui se lance dans un traditionnel et souvent rasant discours de remerciements, expliquant par le menu que s’il en est arrivé là, c’est grâce à untel qui l’a mis au monde, tel autre qui la poussé dans la voie du ciné et tel autre qui l’a choisit au casting… bref…
La personne à l’honneur dans la séquence qui nous intéresse (je dis « nous » tout en ayant bien conscience de la forte probabilité que le sujet ne donne des palpitations qu’à moi, mais bon, si tu es encore là à ce stade de la narration, c’est que tu iras sans doute jusqu’au bout, courage) se nomme Christoph Waltz, et vient d’avoir le prix d’interprétation masculine et si tu as vu le film Inglorious Basterds, tu ne peux qu’admettre, indépendamment de ce que tu penses du film, que la performance du gars est digne d’être saluée, en VO plus que jamais, vu qu’il passe de l’Allemand à l’Anglais au Français et à l’Italien avec une aisance bluffante (mort à la VF, poux et puces à ceux qui la défendent).
Je lui laisse la parole…
Vous avez remarqué ?
C’est rapide, le moment n’est là qu’un court instant mais en ce qui me concerne, il m’a imprimé la rétine tel le flash d’une explosion nucléaire… la présidente du jury lève les yeux au ciel et fait une moue de dédain alors que M. Waltz remercie et salue le talent de Quentin Tarantino. C’est flagrant, ça l’est tellement que le sympathique internaute qui a mis cette vidéo en ligne ne la fait que pour souligner ce moment.
J’en ai fait un cliché juste pour m’assurer que cela passera à la postérité, les vidéo sur le web ayant la fâcheuse manie d’être modérées (nouveau mot pour ne pas dire « censurées ») par moult ayants droits et autres rupins contrôlant leur image.
A chacun son interprétation ensuite. Vomit-elle la récompense à cet acteur que le jury aurait validé contre son opinion, ou est-ce l’œuvre de Tarantino qu’elle conspue sans mot dire, ou encore la carrière entière du cinéaste dont elle ne goute guère le talent… ?
Peu importe à vrai dire, je trouve cela minable, mesquin, puéril et grossier.
Personnellement, je vois dans cette moue et ce regard tout le mépris que peux avoir le cinéma français à l’égard de son rival américain. La France a toujours eu à cœur de péter plus haut que son cul et se fait une très haute opinion de ses valeurs, de sa culture et de son cinéma d’art et d’essai qui résiste vaille que vaille face au, je cite, "rouleau compresseur US"… C’est le pays de la "nouvelle vâââgue" vous comprenez, du cinéma qui se déguste du bout des lèvres, les blockbusters c’est du Mc Do, le cinéma de Tarantino, c’est populo.
Quand on a le privilège d’être sollicité pour présider un jury dans un festival de cinéma, soit on refuse, soit on accepte mais cette deuxième hypothèse, il me semble qu’un comportement digne, adulte et confraternel est de rigueur. On peut tout à fait diffuser ses idées dans les récompenses que l’on délivre, pas en faisant des grimaces à la ronde pour dire sa désapprobation et son mépris… à y être, elle pouvait aussi bien se mettre un doigt au fond de la gorge cette conne !
Quand je deviens grossier, c’est qu’il est temps d’y aller… salut.