Je vous interdis de me doubler !
Allez, un article pavé, un de ceux qui me trottent dans la tête depuis trop longtemps. Et le moment semble bien choisit pour pondre tel étron, tant la mise en ligne de photos licencieuses à caractère cochon (cf article préc) émoustille une partie de mon lectorat, tout en titillant la fibre polémique des plus loquaces… ;o)
Bises à XdcS@nCh et Ed la Krapaille.
10 bonnes raisons de cesser de regarder les films en version française.
I/ You bitch !
Pour commencer, ce simple constat : la langue anglaise a ceci de particulier qu’elle utilise le même mot pour le « tu » et le « vous ».
Si dans une distinction de nombre il est facile pour le doubleur de savoir à quoi s’en tenir (un personnage s’adressant dans le film à un groupe d’individu n’est à priori pas en train de le tutoyer, le groupe), qu’en est-il en revanche pour le franchissement du fossé séparant le vouvoiement respectueux, marquant la distance, la hiérarchie, le respect ou la crainte, du tutoiement familier signe de rapprochement ou d’impertinence, marquant la connaissance proche, l’amitié et que sais-je encore.
Le simple fait qu’un doubleur applique le « tu » ou le « vous » aux dialogues d’un film, c’est appliquer une couleur, un ton bien particulier aux relations que les personnages entretiennent, et en cela dénature de facto l’œuvre de base.
II/ 1 pour tous, tous doublés
Richard Darbois prête (ou a prêté) à lui seul sa voix à Dan Akroyd, Tom Berenger, Jeff Bridges, George Clooney, Harrison Ford, Richard Gere, Danny Glover, Jeff Goldblum, Val Kilmer, Bill Murray, Liam Neeson, Kurt Russel, William Shatner, Sylverster Stallone, Patrick Swayze. 15 acteurs au moins à son palmarès.
Si le type est amené à disparaître, on a en France 15 acteurs aphones en attente d’une greffe de voix.
Et Patrick Poivey… Tom Cruise, Bruce Willis, Daniel Day Lewis…
Et un acteur de la classe de De Niro…? Doublé par Jacques Frantz, tout comme Mel Gibson, John Goodman, Steve Martin, Nick Nolte ou encore Gary Busey – qui n’a pas tout à fait le talent de De Niro voyez-vous.
Pour plus de détails et réaliser à quel point une douzaine de types se partagent l’ensemble du vivier voix d’acteurs internationaux : http://www.castingmachine.com/doublage/homme.html
III/ Indiana polyglotte
Pire et encore plus crétin ; Bien qu’Harrison Ford ait conservé le même rôle dans la trilogie de Spielberg, les doublages réalisés en France ont fait appel à des personnes différentes.
Claude Giraud (doubleur attitré de Tommy Lee Jones, ou Liam Neeson), dans 'Les aventuriers de l'arche perdue'.
Francis Lax (qui double déjà Harrison Ford dans 'Star Wars', mais aussi Magnum et le Schtroumpf à lunettes), dans 'Indiana Jones et le temple maudit'.
Richard Darbois (qui double Harrison Ford dans tous ses films depuis, en plus de donner sa voix à Batman, Buzz l’Eclair de plein d’autres, notamment énormément de bandes-annonces) dans 'Indiana Jones et la dernière croisade'.
C’est du délire. Au 4ème, actuellement en tournage, ils ont prévu de mettre qui au doublage ? Elie Semoun ? M Pokora ?
IV/ Quand les propos, allusions, blagues sont intraduisibles
1 exemple sur la multitude qui existent :
Men in Black - ouverture du film sur le transport de clandestins du Mexique vers les Etats-Unis en pleine nuit sur une route déserte. Arrêté par un barrage de police façon "Shériff fais-moi peur". Arrivent alors les 2 personnages du MiB en costume noir et Ray-Ban qui eux, cherchent sans le confier aux autorités locales un extra-terrestre maquillé en chicano moyen.
Et l’acteur Tommy Lee Jones (en fait on croit que c’est Tommy Lee Jones mais c’est Claude Giraud caché dedans…) déclare aux policiers à qui il retire un prévenu :
Il y a dans ce propos une ambiguïté savoureuse puisque, pour ceux qui l’ignorent, Alien est un mot anglais qui signifie "être étranger à quelqu'un ou quelque chose, et qui peut désigner une personne d'origine étrangère résidant dans un certain pays, ou bien une forme de vie extra-terrestre" - définition wikipédia.
Il y a donc une double lecture complète du propos tenu qu’une traduction basique ne peut pas restituer fidèlement. Certains mots sont tout simplement intrinsèque à une langue et n’ont pas d’équivalent dans d’autres langues. Ainsi, "Blog", né de l’anglais n’a pas de correspondant français, tout comme "Management", ou à l’inverse, des mots français n’ont pas d’équivalent en anglais, comme "Rassembleur", "Force vive" ou "Bravitude".
V/ Casser la voix
Quand un acteur comme Mel Gibson s’efforce de prendre l’accent Ecossais pour une fresque se déroulant en kilt traditionnel, c’est complètement effacé lors du doublage, puisque le père William Wallace, ‘y cause Français avec l’accent rive gauche parisienne…
Idem pour l’actrice Renée Zellweger, saluée par la communauté du cru pour sa capacité à s’immiscer dans la peau d’une citoyenne britannique, elle qui est originaire du Texas, avec l’accent qu’on imagine… ben la performance d’actrice, doublée en français, on peut toujours la chercher.
C’est d’ailleurs un point qui m’amuse toujours un peu ; ces jugements portés par chacun sur la qualité de prestation d’un acteur dans un film… après l’avoir vu jouer doublé. C’est goûter un verre de vin après que quelqu’un y ait versé des sucrettes ou du vinaigre dedans – visuellement, la couleur n’aura pas nécessairement changé, en bouche, c’est une autre histoire.
VI/ À bas Bel !
Quand une situation présente des personnages parlant 2 langues différentes (comme lors d’une fresque historique retraçant comment Français et Anglais se catapultèrent à la tronche leurs meilleures intentions durant la guerre de 100 ans avant de se réconcilier autour d’un méchoui de pucelle, ou un films relatant le trafic de stupéfiants transfrontalier entre gros Texans armés et Mexicains désœuvrés), ce sont autant de possibilités pour le cinéaste de souligner les différences, de marquer un décalage ou une barrière. C’est complètement lissé au passage en VF puisque, magie du doublage, du nord au sud, de l’est à l’ouest, c’est Babel, tout le monde cause la langue de Molière.
VII/ A peu près... ou presque.
Il y a aussi ce que le traducteur pense être pertinent comme traduction, à la simple vision de bribes du film, sans aucun recul sur le métrage dans son entier, pas plus que sur l’œuvre du cinéaste dans son ensemble dont le film est issu.
Encore une fois 1 exemple archi connu : la réplique "I’ve got a bad feeling about this" employée à de multiples reprises dans les épisodes IV, V et VI de Star Wars.
Véritable leitmotiv, cette petite phrase utilisée tour à tour par différents protagonistes devrait être mémorisée par le spectateur de par sa répétitivité, au même titre que « May the force be with you ». Mais il n’en est rien et pourquoi ? Parce que la traduction est devenue une fois : "Tout cela ne me dit rien qui vaille", une autre fois : "J’ai un mauvais pressentiment" etc…
VIII/ Scream Queen
Certains actrices pulmonaires se sont parfois fait engager dans ce que la communauté cinéphile de genre s’accorde à classer comme des incontournables du film d’épouvante, uniquement sur 2 critères : la taille des bonnets et la capacité à lézarder les murs en hurlant d’effroi – pour les besoins du film s’entend.
Doubler une actrice comme ceci revient à l’amputer de 50% de son talent… c’est beaucoup. D’autant que la performance en studio des personnes qui doublent est rarement à la hauteur, pour ne pas dire franchement médiocre.
Et si on sort du genre horreur dont je sais pas expérience qu’il ragoûte autant mon lectorat que la musique Metal, prenons 1 exemple dans le cinéma "conventionnel".
Marie Elisabeth Mastrantonio ; éclose dans Scarface, révélée au grand public dans Abyss, elle joue en 91 au côté de Kevin Costner dans Robin des Bois. Bon. Dernière demi-heure du film, l’action est à son comble, les flèches fusent, les épées s’entrechoquent, la bravoure et la sueur sont au rendez-vous ; Marian, séquestrée par le vil Shériff de Nottingham et sur le point de convoler en noces contre son gré, aperçoit son amoureux en contrebas et le hèle par son prénom pour attirer son attention et lui indiquer par-là même 1/ sa position inconfortable et 2/ qu’un sauvetage héroïque en bonne et due forme serait du plus bel effet à cet instant précis.
Le cri poussé en VO hérisse le poil d’émoi, arrête momentanément le cœur et fige le sang. Miss Manstrantonio réalise ce que j’appelle une performance, l’implication totale, le don de soi au service du rôle, avec un grog au miel ensuite pour réparer les cordes vocales abîmées.
En VF, C’est du Laurie qui chante, Lara Fabian qui appelle un taxi ou Céline Dion sous la douche. Nul, fade, sans intérêt.
IX/ Apprentissage
Parce que cela permet à peu de frais d’améliorer significativement sa compréhension spontanée de langues étrangères parlées qui nous sont familières comme l’espagnol ou l’anglais, l’intellect s’ouvrant chaque fois un peu plus et sans effort de volonté, s’imprégnant tranquillement de mots, d’expressions récurrentes, d’intonations dues à tel ou tel accent… ça enrichit tout simplement, ça cultive, ça rend beau, regardez-moi.
Bordel, même les Anglais – qui ne sont pourtant pas bien malins, ils roulent à gauche, ont un système métrique aberrant fait de miles, yard, pieds, coudes, pouces, rognures d’ongle, et mangent de la merde en chantant "God save the queen" – même les Anglais disais-je ont l’intelligence de regarder la plupart des films en VO, c’est dire.
X/ Artisanat et outillage
Enfin tout simplement parce que la voix d’un acteur est à son jeu ce que la bite est à Rocco, ce que l’écran bleu est au présentateur météo, ce que le doigt est au gynéco, un outil de travail.
Et quand un artisan travaille bien, on ne change pas ses outils, point !
Pourquoi je m’agace me direz-vous ?
Ben déjà parce que c’est mon blog et que j’y fais ce que je veux, non mais sans blague, mais pour pousser plus avant la justification : parce que vous êtes encore trop nombreux à regarder de la VF caca boudin et que la loi du plus grand nombre impose son dictat merdique et que les salles diffusant les films en VOST sont, par votre faute je n’hésite pas à le dire, quasi inexistante en province. (À l’attention des éventuels lecteur parisiens échoués sur ce blog, la province, c’est ce qu’on trouve quand on est sorti de loin loin de Paris, tellement loin qu’on voit plus la tour Eiffel).
Et ce dictat merdique s’impose également sur toutes les chaînes hertziennes (que je me refuse à appeler gratuites), où 100% de la programmation cinématographique est doublée.
Alors merde.
Folzebuth.
Bises à XdcS@nCh et Ed la Krapaille.
10 bonnes raisons de cesser de regarder les films en version française.
I/ You bitch !
Pour commencer, ce simple constat : la langue anglaise a ceci de particulier qu’elle utilise le même mot pour le « tu » et le « vous ».
Si dans une distinction de nombre il est facile pour le doubleur de savoir à quoi s’en tenir (un personnage s’adressant dans le film à un groupe d’individu n’est à priori pas en train de le tutoyer, le groupe), qu’en est-il en revanche pour le franchissement du fossé séparant le vouvoiement respectueux, marquant la distance, la hiérarchie, le respect ou la crainte, du tutoiement familier signe de rapprochement ou d’impertinence, marquant la connaissance proche, l’amitié et que sais-je encore.
Le simple fait qu’un doubleur applique le « tu » ou le « vous » aux dialogues d’un film, c’est appliquer une couleur, un ton bien particulier aux relations que les personnages entretiennent, et en cela dénature de facto l’œuvre de base.
II/ 1 pour tous, tous doublés
Richard Darbois prête (ou a prêté) à lui seul sa voix à Dan Akroyd, Tom Berenger, Jeff Bridges, George Clooney, Harrison Ford, Richard Gere, Danny Glover, Jeff Goldblum, Val Kilmer, Bill Murray, Liam Neeson, Kurt Russel, William Shatner, Sylverster Stallone, Patrick Swayze. 15 acteurs au moins à son palmarès.
Si le type est amené à disparaître, on a en France 15 acteurs aphones en attente d’une greffe de voix.
Et Patrick Poivey… Tom Cruise, Bruce Willis, Daniel Day Lewis…
Et un acteur de la classe de De Niro…? Doublé par Jacques Frantz, tout comme Mel Gibson, John Goodman, Steve Martin, Nick Nolte ou encore Gary Busey – qui n’a pas tout à fait le talent de De Niro voyez-vous.
Pour plus de détails et réaliser à quel point une douzaine de types se partagent l’ensemble du vivier voix d’acteurs internationaux : http://www.castingmachine.com/doublage/homme.html
III/ Indiana polyglotte
Pire et encore plus crétin ; Bien qu’Harrison Ford ait conservé le même rôle dans la trilogie de Spielberg, les doublages réalisés en France ont fait appel à des personnes différentes.
Claude Giraud (doubleur attitré de Tommy Lee Jones, ou Liam Neeson), dans 'Les aventuriers de l'arche perdue'.
Francis Lax (qui double déjà Harrison Ford dans 'Star Wars', mais aussi Magnum et le Schtroumpf à lunettes), dans 'Indiana Jones et le temple maudit'.
Richard Darbois (qui double Harrison Ford dans tous ses films depuis, en plus de donner sa voix à Batman, Buzz l’Eclair de plein d’autres, notamment énormément de bandes-annonces) dans 'Indiana Jones et la dernière croisade'.
C’est du délire. Au 4ème, actuellement en tournage, ils ont prévu de mettre qui au doublage ? Elie Semoun ? M Pokora ?
IV/ Quand les propos, allusions, blagues sont intraduisibles
1 exemple sur la multitude qui existent :
Men in Black - ouverture du film sur le transport de clandestins du Mexique vers les Etats-Unis en pleine nuit sur une route déserte. Arrêté par un barrage de police façon "Shériff fais-moi peur". Arrivent alors les 2 personnages du MiB en costume noir et Ray-Ban qui eux, cherchent sans le confier aux autorités locales un extra-terrestre maquillé en chicano moyen.
Et l’acteur Tommy Lee Jones (en fait on croit que c’est Tommy Lee Jones mais c’est Claude Giraud caché dedans…) déclare aux policiers à qui il retire un prévenu :
"You’re doing a good job, keep on protect us from dangerous aliens !"
(Je retranscris 100% de mémoire mais c’est le dernier mot qui compte…).Il y a dans ce propos une ambiguïté savoureuse puisque, pour ceux qui l’ignorent, Alien est un mot anglais qui signifie "être étranger à quelqu'un ou quelque chose, et qui peut désigner une personne d'origine étrangère résidant dans un certain pays, ou bien une forme de vie extra-terrestre" - définition wikipédia.
Il y a donc une double lecture complète du propos tenu qu’une traduction basique ne peut pas restituer fidèlement. Certains mots sont tout simplement intrinsèque à une langue et n’ont pas d’équivalent dans d’autres langues. Ainsi, "Blog", né de l’anglais n’a pas de correspondant français, tout comme "Management", ou à l’inverse, des mots français n’ont pas d’équivalent en anglais, comme "Rassembleur", "Force vive" ou "Bravitude".
V/ Casser la voix
Quand un acteur comme Mel Gibson s’efforce de prendre l’accent Ecossais pour une fresque se déroulant en kilt traditionnel, c’est complètement effacé lors du doublage, puisque le père William Wallace, ‘y cause Français avec l’accent rive gauche parisienne…
Idem pour l’actrice Renée Zellweger, saluée par la communauté du cru pour sa capacité à s’immiscer dans la peau d’une citoyenne britannique, elle qui est originaire du Texas, avec l’accent qu’on imagine… ben la performance d’actrice, doublée en français, on peut toujours la chercher.
C’est d’ailleurs un point qui m’amuse toujours un peu ; ces jugements portés par chacun sur la qualité de prestation d’un acteur dans un film… après l’avoir vu jouer doublé. C’est goûter un verre de vin après que quelqu’un y ait versé des sucrettes ou du vinaigre dedans – visuellement, la couleur n’aura pas nécessairement changé, en bouche, c’est une autre histoire.
VI/ À bas Bel !
Quand une situation présente des personnages parlant 2 langues différentes (comme lors d’une fresque historique retraçant comment Français et Anglais se catapultèrent à la tronche leurs meilleures intentions durant la guerre de 100 ans avant de se réconcilier autour d’un méchoui de pucelle, ou un films relatant le trafic de stupéfiants transfrontalier entre gros Texans armés et Mexicains désœuvrés), ce sont autant de possibilités pour le cinéaste de souligner les différences, de marquer un décalage ou une barrière. C’est complètement lissé au passage en VF puisque, magie du doublage, du nord au sud, de l’est à l’ouest, c’est Babel, tout le monde cause la langue de Molière.
VII/ A peu près... ou presque.
Il y a aussi ce que le traducteur pense être pertinent comme traduction, à la simple vision de bribes du film, sans aucun recul sur le métrage dans son entier, pas plus que sur l’œuvre du cinéaste dans son ensemble dont le film est issu.
Encore une fois 1 exemple archi connu : la réplique "I’ve got a bad feeling about this" employée à de multiples reprises dans les épisodes IV, V et VI de Star Wars.
Véritable leitmotiv, cette petite phrase utilisée tour à tour par différents protagonistes devrait être mémorisée par le spectateur de par sa répétitivité, au même titre que « May the force be with you ». Mais il n’en est rien et pourquoi ? Parce que la traduction est devenue une fois : "Tout cela ne me dit rien qui vaille", une autre fois : "J’ai un mauvais pressentiment" etc…
VIII/ Scream Queen
Certains actrices pulmonaires se sont parfois fait engager dans ce que la communauté cinéphile de genre s’accorde à classer comme des incontournables du film d’épouvante, uniquement sur 2 critères : la taille des bonnets et la capacité à lézarder les murs en hurlant d’effroi – pour les besoins du film s’entend.
Doubler une actrice comme ceci revient à l’amputer de 50% de son talent… c’est beaucoup. D’autant que la performance en studio des personnes qui doublent est rarement à la hauteur, pour ne pas dire franchement médiocre.
Et si on sort du genre horreur dont je sais pas expérience qu’il ragoûte autant mon lectorat que la musique Metal, prenons 1 exemple dans le cinéma "conventionnel".
Marie Elisabeth Mastrantonio ; éclose dans Scarface, révélée au grand public dans Abyss, elle joue en 91 au côté de Kevin Costner dans Robin des Bois. Bon. Dernière demi-heure du film, l’action est à son comble, les flèches fusent, les épées s’entrechoquent, la bravoure et la sueur sont au rendez-vous ; Marian, séquestrée par le vil Shériff de Nottingham et sur le point de convoler en noces contre son gré, aperçoit son amoureux en contrebas et le hèle par son prénom pour attirer son attention et lui indiquer par-là même 1/ sa position inconfortable et 2/ qu’un sauvetage héroïque en bonne et due forme serait du plus bel effet à cet instant précis.
Le cri poussé en VO hérisse le poil d’émoi, arrête momentanément le cœur et fige le sang. Miss Manstrantonio réalise ce que j’appelle une performance, l’implication totale, le don de soi au service du rôle, avec un grog au miel ensuite pour réparer les cordes vocales abîmées.
En VF, C’est du Laurie qui chante, Lara Fabian qui appelle un taxi ou Céline Dion sous la douche. Nul, fade, sans intérêt.
IX/ Apprentissage
Parce que cela permet à peu de frais d’améliorer significativement sa compréhension spontanée de langues étrangères parlées qui nous sont familières comme l’espagnol ou l’anglais, l’intellect s’ouvrant chaque fois un peu plus et sans effort de volonté, s’imprégnant tranquillement de mots, d’expressions récurrentes, d’intonations dues à tel ou tel accent… ça enrichit tout simplement, ça cultive, ça rend beau, regardez-moi.
Bordel, même les Anglais – qui ne sont pourtant pas bien malins, ils roulent à gauche, ont un système métrique aberrant fait de miles, yard, pieds, coudes, pouces, rognures d’ongle, et mangent de la merde en chantant "God save the queen" – même les Anglais disais-je ont l’intelligence de regarder la plupart des films en VO, c’est dire.
X/ Artisanat et outillage
Enfin tout simplement parce que la voix d’un acteur est à son jeu ce que la bite est à Rocco, ce que l’écran bleu est au présentateur météo, ce que le doigt est au gynéco, un outil de travail.
Et quand un artisan travaille bien, on ne change pas ses outils, point !
Pourquoi je m’agace me direz-vous ?
Ben déjà parce que c’est mon blog et que j’y fais ce que je veux, non mais sans blague, mais pour pousser plus avant la justification : parce que vous êtes encore trop nombreux à regarder de la VF caca boudin et que la loi du plus grand nombre impose son dictat merdique et que les salles diffusant les films en VOST sont, par votre faute je n’hésite pas à le dire, quasi inexistante en province. (À l’attention des éventuels lecteur parisiens échoués sur ce blog, la province, c’est ce qu’on trouve quand on est sorti de loin loin de Paris, tellement loin qu’on voit plus la tour Eiffel).
Et ce dictat merdique s’impose également sur toutes les chaînes hertziennes (que je me refuse à appeler gratuites), où 100% de la programmation cinématographique est doublée.
Alors merde.
Folzebuth.