Jeux de mains, jeux de bourrins
Je suis grognon.
Il y a quelques jours de cela, alors que se déroulait tranquille le cours d’une soirée entre amis, je fis l’objet une agression physique aussi puérile que violente sous le prétexte qu’une franche camaraderie passe nécessairement par l’immersion d’un convive tout habillé dans la piscine située à proximité.
Je ne dévoilerais pas bien entendu les identités des 2 hirsutes qui me tombèrent sur le râble ce soir là, car en dépit de leur bêtise de l’instant donné, ils restent précieux dans mon estime de part les qualités dont ils savent faire preuve en général – du moins quand ils ne sont pas imbibés de gnole.
Je marque ici un temps d’arrêt dans la narration de cette trépidante anecdote pour vous demander d’ôter de votre visage ce rictus d’amusement indiquant que vous avez d’ores et déjà compris ma vexation d’avoir fini trempé, il n’en est rien ; je n’ai pas fini dans l’eau.
Je reprends…
La soirée suivait son cheminement bonhomme entre braises rougeoyantes et anis enivrant, lorsque, de retour d’une escapade dans l’herbe pour une vidange ordonnée par une vessie caractérielle et dictatoriale, m’approchais-je naïvement de la piscine de mon hôte où je distinguait dans la semi obscurité d’un éclairage extérieur faiblard, mes futurs agresseurs et un troisième larron. La faute au manque de visibilité, ce n’est qu’une fois en leur présence que je réalisais qu’un des 3 était trempé de la tête au pied, et que tous affichaient un sourire de contentement habituellement réservé à l’orgasme. L’analyse de ma situation fut alors instantanée et les perspectives peu enthousiasmantes.
a/ Je suis à l’évidence des quatre individus en présence le moins trapus.
b/ Je suis peut-être le plus véloce mais l’obscurité en terrain inconnu et des cochonneries de sandales d’été jouent en ma défaveur. De surcroît, un départ en course obligerait initialement une volte-face qui me ferait perdre un temps précieux.
c/ Mes chances de grâce face à trois trolls gorgés d’hydromel sont grosso modo similaires à celle d’un afro-américain dans le couloir de la mort au Texas : homéopathiques.
Moucheron dans une toile dont je sais ne pouvoir m’échapper (et dans laquelle je me suis rué comme un con), je décide d’adopter une technique que nous qualifierons de « cramponnage frénétique », saisissant la poignée d’un volet directement à ma portée et focalisant toute mon énergie à la fermeture de mes doigts sur ladite poignée afin que ni rien ni personne ne m’en éloigne.
Alors qu’un premier dinosaure me saisit à la taille dans une posture prénuptiale équivoque, un second s’emploie à me faire lâcher prise, faute de pouvoir dégonder le volet. Le troisième déjà trempe doit estimer que 2 suffisent pour venir à bout de moi, et s’ébroue dans un coin.
La lutte qui s’ensuit ne rappelle en rien une quelconque scène d’action chorégraphiée dans un film hollywoodien, mais évoque bien plus l’accouplement de trois hommes et d’un volet.
Je ne dus mon salut qu’à l’arrivée de ma princesse de 3 ans, attirée par les mugissements rauques de ces minotaures en rut, qui fut proprement épouvantée de voir son papa-à-elle décollé de terre par le bassin et relié par trois doigts désormais à un panneau de bois oscillant tant et plus. Les pleurs de ma petite chérie calmèrent instantanément les ardeurs des 2 molosses molestant, qui lâchèrent prise, laissant ainsi à la soirée reprendre un rythme plus social et moins viril.
Ce qui me gonfle dans tout ceci, c’est que cette lutte aussi intense qu’imbécile m’a laissé des séquelles puisque le lendemain me levais-je du lit sujet à de violentes douleurs costales, qui, pour les gourmets qui y ont déjà eu droit, sont particulièrement pénible à vivre au quotidien car se rappelant à vous dès la première inspiration trop appuyée, au simple rire, quant aux quintes de toux, je ne vous dit pas…
Alors truc et machin (s’ils sont un jour amené à lire ce blog, ils se reconnaîtront), je ne vous en veux pas, vous savez que je vous adore, mais vos divertissements néanderthaliens me cassent un peu les couilles, et les côtes !
EPILOGUE
Quand j’étais enfant, je devais esquiver nerveusement d’être l’objet de ce que l’on appelait la « mise-à-l’air », comprenez déshabillage intégral contraint et forcé par des gamins de son âge que la nudité d’autrui amuse, le côté frêle de mon physique faisant, déjà à l’époque, de moi une cible de choix.
Quand j’étais adolescent, je devais me méfier des gaillards au collège dont un des hobby consistait à saisir quelqu’un par derrière et par les testicules en passant la main entre les jambes, et le faire décoller de terre, le côté maigrelet de mon physique faisant, déjà à l’époque, de moi une cible de choix.
Aujourd’hui, j’ai pris une décision mûre et réfléchie sur ma condition d’individu fluet (bien que gentiment bedonnant depuis quelques années) face aux agressions qui consistent à m’infuser de force dans une piscine… je ne lutte plus pour m’y soustraire et laisserai le cocasse rituel s’accomplir donnant ainsi pleine satisfaction à mes agresseurs. En revanche une fois dans l’eau, il n’est pas exclu que je pisse dedans ! Non mais sans blague…
Folzebuth